2009
Black Revolution

Pour sa neuvième édition, ce festival s’intéresse aux combats que menèrent les mouvements noirs américains dans les années 1960 et 1970 contre la ségrégation. Les cinéastes et les acteurs noirs durent également lutter pour ouvrir les portes de l’industrie cinématographique. La programmation proposée cette année fait écho à ces mouvements revendicatifs qui persistent aujourd’hui, tout particulièrement dans le contexte de crise que connaissent les États-Unis. Si l’élection du premier président noir de l’histoire des États-Unis doit être considérée comme un événement considérable et saluée comme il se doit, elle ne nous fait pas oublier que cette partie de la population est la plus massivement frappée par la pauvreté, l’exclusion, l’errance, les ravages de la violence et de la drogue.

« Je fais le rêve qu’un jour, sur les collines rouges de la Géorgie, les fils des esclaves et les fils de propriétaires d’esclaves puissent s’asseoir ensemble à la table de la fraternité. » Deux ans après ce fameux discours prononcé par Martin Luther King, apôtre de la non-violence et figure de proue du mouvement pour les droits civiques, éclataient dans le quartier de Watts à Los Angeles, en 1965, des émeutes après l’arrestation abusive d’un conducteur noir (on comptera 30 morts et 9 000 blessés). La même année, une autre figure charismatique était assassinée, Malcom X. En 1968, Luther King était également assassiné.

Avec ces 9es journées cinématographiques dionysiennes, nous vous proposons de revenir sur cette histoire des mouvements d’émancipation afro-américains, ces luttes, questionnements et résistances politiques et la manière dont le cinéma les a accompagnés et soutenus. Naissance du cinéma Blaxploitation, apparition de cinéastes noirs qui s’emparent de la caméra pour changer la vie et le cinéma, de musiciens qui bouleversent le paysage de la musique, d’écrivains qui révolutionnent le roman… tous ces artistes sont mus par un élan créatif commun, celui d’affirmer leur identité de Noirs américains et le droit à faire exister leur propre imaginaire. Nous vous invitons à découvrir cette histoire du cinéma noir américain et sommes heureux d’accueillir à l’Écran, Melvin Van Peebles et Charles Burnett. Avec également des films de Haile Gerima et de William Klein, une nuit Blaxploitation détonante (premier et seul exemple à ce jour d’un cinéma noir populaire parvenu à une reconnaissance au-delà de ses frontières) et des concerts dont celui de Mike Ladd en clôture de notre festival.

En 1980, Melvin Van Peebles déclarait à propos de sa démarche de cinéaste : « Notre communauté a subi un gigantesque lavage de cerveau, et tout ce qu’elle connaît du cinéma reste la couleur blanche. Nous devons commencer là. La révolution se situe sur ce terrain. Faire la révolution ne consiste pas à se lever et à échanger des idées. » Trente-cinq ans après la sortie de son fameux Sweet Sweetback’s Baadasssss Song, l’objectif reste toujours à atteindre, raison de plus pour se pencher à nouveau sur ces questions, individuellement et collectivement, et (re)découvrir quelques grands films pour percevoir et mieux voir ce qui fait toujours problème ici et là-bas…

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