2011
La comédie du travail

Fidèle à sa ville et à son histoire, l’Écran investit un terrain de luttes. Cette année, la “Comédie du travail” instaure un regard décomplexé sur le labeur, dont quelques-uns en haut lieu se prétendent les hérauts. Le travail est pour tout le monde une partie de la vie – pas forcément la plus drôle, pas forcément la plus noire. Le travail peut aussi bien être enrichissant ou débilitant, émancipateur ou aliénant. Mais lorsque le travail est de plus en plus individualisé, la richesse du collectif est mise à mal. On lit partout que chacun devrait se constituer autoentrepreneur ou que le télétravail est l’avenir, que chacun devrait affronter seul la concurrence toute puissante avec sa pelle, son balai ou son ordinateur. Que deviennent le travail en équipe, la camaraderie, les déjeuners à la cantine?

La programmation de cette année met l’accent sur la place du travail dans nos vies, comment celui-ci est à la fois nécessaire pour (sur)vivre dans une société tout entière vouée à son culte (où le travail comme moyen fondamental de se réaliser soi-même) et est en même temps source de nombreux maux : rapport d’exploitation et de domination, concurrence dévastatrice, stress, maladie, perte d’emploi et chômage.

En 1895, la Sortie d’usine des frères Lumière inaugure la naissance du cinéma ; 45 secondes de film où la caméra reste aux portes de l’usine. De ces premières images du cinéma au récent Dernier Maquis (2008) de Rabah Ameur-Zaïmeche en passant par Travail au noir (1982) de Jerzy Skolimowski, La Fille aux allumettes (1990) d’Aki Kaurismäki, Avec le sang des autres (1974) de Bruno Muel ou bien Pain et chocolat (1973) de
Franco Brusati, le regard des cinéastes aura évolué, se frayant un chemin jusqu’au monde des machines, des gestes des hommes et des femmes au travail, des épreuves subies comme des résistances acquises, nous montrant ainsi le fil invisible de l’humain face à la déshumanisation et la brutalité du monde… du travail.

Existe-t-il d’autres formes de travail que le seul travail salarié ? L’être humain peut-il s’activer sans s’enchaîner ? Le beau Dionysos (1984) de Jean Rouch pourrait être un appel à l’utopie heureuse et à une révolution ludique, passant par la créativité, la rencontre, la communauté et peut-être même l’art.

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